décembre 30, 2015

Entre ici et nulle part


Je viens d'assister à une scène incroyable, l'Homme, la jambe élégamment surélevée sur un tabouret, le pied façon pointe de danseuse en train de se faire la demi-jambe, l'air de rien.
Il n'est pas en train de se transsexualiser, non, il va chez le tatoueur cet après-midi, pour noircir son tibia. C'est un habitué lui, il a déjà plusieurs tatouages à son actif, moi j'aimerais bien en avoir aussi, mais j'ai peur...que ça fasse mal, que je le regrette, que ça soit raté...
Alors je dit que j'en ai envie, et qu'un jour je le ferai, et puis je ne fais rien.


Sauter le pas... C'est dur. Pour plein de choses j'aimerais sauter le pas, mais je ne le fais pas.
J'aimerais qu'on parte, l'Homme, les enfants et moi, dans une autre ville, un autre pays, recommencer à zéro, vivre pareil ou autrement, mais ailleurs.
Mais mon exaspérant petit confort me maintien à quai, tel un boulet de prisonnier (un prisonnier de western hein, on est bien d'accord, ça ne se pratique plus ces choses là, enfin je crois).

Mon boulot, pas grisant mais simple et tranquille, la famille à coté, chiant mais pratique, la maison qui nous coûte trop cher mais dans laquelle on est bien, notre jolie campagne malgré ses habitants soit vieux, soit cons (parfois les deux en même temps)...tout ça je l'aime et je le déteste à la fois.
Environ trois fois par an je dit à l'Homme que si lui veut partir, moi mes bagages (psychologiques) sont déjà prêts. Et puis...
Et puis aucun de nous n'a le genre de boulot qui fait que demain on peut être muté à Cuba ou à Nogent-sur-Marne (non ça ne me fait pas vibrer non mais enfin...). Disons que l'Homme aurait les compétences intellectuelles et relationnelles pour s'adapter à n'importe quel boulot, n'importe où (bon, pas chirurgien non plus hein), mais encore faut-il...sauter le pas...
Chercher, s'investir, ne parlons même pas de passer un entretien ou même téléphoner à quelqu'un qui connait quelqu'un qui connait quelqu'un...non. On en est pas là, on veut, mais on ne veut pas, ça fait peur, c'est pas maintenant.
Moi j'ai peur que ça ne soit jamais maintenant.

Mais ce n'était pas là où je voulais en venir, je te parlais de la demi-jambe de l'Homme, nue, lisse, vierge de poils.
Elle avait l'air si douce, j'ai trouvé ça sexy. On aurait dit une jambe de fille, je me suis posé des questions sur ma sexualité. Puis j'ai regardé l'autre jambe velue à coté, et j'ai trouvé ça moche.
D'une manière générale, l'Homme avec sa demi-jambe de minette et son gros mollet poilu, avait sérieusement l'air d'un con.

En fait je ne veux en venir nulle part, si ce n'est que cette vision m'a inspirée sur l'instant. Et ça m'inspire justement, qu'en ce moment je ne suis plus trop inspirée, écrire, je ne sais plus faire.
Des choses j'en ai plein à raconter, mais alors qu'avant je ne me demandais pas si ça pouvait intéresser quelqu'un, maintenant je le fais. C'est une erreur je pense.
Déjà parce qu'il y a un wagon de trucs ici qui n'intéressent que moi, et puis parce que j'ai perdu de vue l'idée d'écrire avant tout pour moi. Pas QUE pour moi, sinon soyons honnête, j'aurais pris un cahier, un stylo et rien de tout ça n'aurait vu la lumière... Mais quand même, ne pas oublier de me faire plaisir.
Ces derniers temps, la mécanique s'est rouillé, j'ai moins le temps c'est vrai, mais quand j'en ai du temps, je ne le passe pas à écrire. Alors qu'un tas de phrases filent dans ma tête à toute heure du jour (et de la nuit), mais encore une fois, je ne saute pas le pas. Je ne prends pas l'ordi pour y tapoter dessus, je ne prends pas un bout de papier pour y jeter quelques mots. Pourquoi? Je ne sais pas, sûrement parce que je me pose trop de questions.

Alors que je peux pourtant faire absolument tout ce que je veux ici, je peux écrire un billet juste pour dire qu'hier Pindoulf à regardé son frère avec une infinie tendresse, un sourire indescriptible sur son visage et que j'ai trouvé ça magnifique, et c'est tout.
Ah ben tu vois je viens de le faire.
Le plaisir revient.


12 commentaires:

  1. Ravie de lire ces mots et de savoir que le plaisir revient... On est toutes un peu noyées parfois dans le quotidien et trouver le temps et l'envie d'écrire n'est pas si simple. On rencontre toutes je crois le vide mais c'est tellement agréable de rebondir et de réécrire !
    Je te fais plein de bisous et te souhaite de profiter de tes hommes en cette fin d'année

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    1. Merci!! :)
      Rebondissons dans le trampoline bloguesque! C'est vrai que c'est un peu ça, j'aime bien l'idée...
      Plein de bisous à toi aussi ;)

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  2. Je crois qu'il faut mûrir sa décision un bon moment avant de se décider à sauter le pas d'un changement de vie...

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    1. Et bien c'est la question que je me pose parfois, s'il faut bien réfléchir, ou au contraire, se lancer à l'aveugle et arrêter de se poser des questions justement...
      Mais le jour où j’arrêterais de me poser des questions est bien loin d'être arrivé! ^^

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  3. On a ici aussi pensé plusieurs fois à changer complètement de vie... Pour l'instant sans succès. Comme tu le dis, c'est confortable d'être là où on est, depuis des années, même si ça a plein d'inconvénients, même si on accumule plein de petites frustrations. Peut-être que ce qu'il (te/nous) faut, c'est une opportunité ? Je crois beaucoup au pouvoir des opportunités, et à la nécessité de savoir les saisir. Ma vie m'a apporté beaucoup d'opportunités, que j'ai saisies presque à chaque fois, et c'est ce qui l'a rendue (relativement) riche. L'avantage de l'opportunité, c'est que tu as juste à dire "oui"... après, tout s'enchaîne tout seul. Peut-être que bientôt, tu auras une opportunité de changer de métier, ou de bouger ? Et moi aussi, d'ailleurs (enfin, changer de métier, j'en ai pas envie : en ce moment, je fais le métier le plus parfait possible pour moi :p).

    Pour ce qui est d'écrire... ben on sait que le blog, c'est une histoire de phases, et la démotivation en est une. Mais pourvu que tu continues à y penser et à y jeter quelques mots de temps à autre (non parce que les abandons définitifs, ça existe aussi), ça reviendra ;) (y'a des choses qui reboostent aussi : une sélection hellocoton, des commentaires nombreux, de nouveaux "followers"... ce genre de choses :))

    Moi j'ai trouvé que celui-ci, c'était un joli article, en tout cas, et j'ai bien aimé suivre cette histoire de jambe poilue, c'est une bonne façon d'aborder les questions existentielles :p

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    1. J'aime bien ta réflexion sur les opportunités, et sur le fait qu'il suffit juste de dire "Oui", je ne sais pas dire pourquoi mais je trouve cette idée rassurante.
      Je vais faire ça je crois, attendre l'opportunité, le signe, puisqu'au final c'est comme ça que je fonctionne aussi, je ne crée pas l'opportunité, je l'attends! ^^

      Pour terminer l'histoire de la jambe, elle est maintenant recouverte d'un joli dessin qui est plus sympa à regarder que des poils frisottés, et moins étrange qu'un mollet d'homme imberbe. :)

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  4. Tiens je viens de remarquer enfin le petit dessin "mon blog se nourrir de vos commentaires" alors je m'y mets :) . Beaucoup de gens dans mon entourage rêvent de partir et fantasment sur ma vie en Allemagne. Je crois personnellement que ça doit rester un fantasme pour la plupart parce que changer de vie et de pays, ce n'est vraiment pas si facile qu'on pourrait l'imaginer. Et pour être vraiment honnête je ne le conseille pas vraiment. Enfin bon sans doute qu'on rêve toujours de ce qu'on a pas quoi :) . Moi je rêverai d'être entourée de mes amis d'il y a longtemps parfois. Faire table rase de tout à 28 ans ce n'est pas forcément évident.

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    1. Ah c'est intéressant d'avoir ton point de vue d'expatriée. J'imagine bien que ça doit être difficile ce changement de vie, mais parfois on a juste envie de s'évader et faire table rase de tout, recommencer...
      Je ne sais pas si un jour on sautera le pas, nous attendrons l'opportunité comme me l'a suggéré Camille, si opportunité il y a. Et s'il n'y a pas, tant pis! J'aimerais juste être plus courageuse parfois, et me poser moins de questions.
      Tu as 28 ans!!! Vilaine jeunette :p
      Des bisous :)

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    2. Non je n'ai plus 28 ans depuis 4 ans et demi !! Mais c'est l' âge auquel je suis partie en Allemagne ;) .

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  5. En tous cas, c'est très agréable de te lire.

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